La construction européenne étant en train de s’écrouler, les élites médiatiques n’hésitent pas à manipuler l’ignorance des masses vis-à-vis des questions économiques pour les abreuver de leur vil propagande. La peur est leur arme favorite. À les en croire, une rupture avec l’UE entraînerait un effondrement économique, social et politique sans précédant, sans parler du retour aux nationalismes, à la dictature et à la guerre mondiale... Dans ce flot d'irrationalités distillées en permanence dans la presse et dans les médias, la dette publique s'est vu attribuer un rôle inédit : celui d'épouvantail. Ainsi, régulièrement, des « experts » certifient doctement que quitter la zone euro pour procéder à une dévaluation compétitive renchérirait notre dette publique. À cette assertion gratuite, l'économiste André-Jacques Holbecq a répondu de manière claire et concise sur sa page Facebook. Nous publions ici sa réponse.
Pour ma part je ne suis pas du tout d'accord avec aucun des économistes qui nous disent que la dette augmentera en proportion d'une dévaluation .
La dette française est libellée en monnaie nationale (c'est pour le moment l'euro) , la meilleure preuve c'est que les taux d'intérêts sur l'euro sont différents selon les pays, et SURTOUT elle a, en 2001, été transformée de la monnaie nationale FF en monnaie nationale Euros (sans qu'aucun des zinzins n'impose que sa dette soit remboursée en FF)
La dette reste libellée en "monnaie nationale" (sauf pour d'éventuels dettes en monnaies étrangères; dollars, yens, FS)
D'ailleurs si l'euro explosait (qu'il n'y ait plus d'euros)... en quoi faudrait-il donc rembourser?
Aucun contrat de prêts par l'Agence France Trésor n'envisage cette clause de remboursement en monnaie étrangère que deviendrait l'euro si nous le quittions.
Ceci dit le passage au "100% monnaie" aurait l'avantage de geler ad vitam eternam plus de 1000 Md€ de notre dette, ce qui nous ferait gagner chaque année au moins 30 milliards (d'€ ou de FF) d'euros ou ce FF) d'intérêts qu'il ne faudrait pas payer (ou emprunter) et 40 à 50 MdF de recettes annuelles supplémentaires (monétisation de la BdF).
Charles GAVE (qui n'est pourtant pas mon modèle) soutient cette argumentation, lui qui écrit à la page 129 de son livre "L'Etat est mort, vive l'état",
"La réintroduction de la drachme permettrait aux autorités locales de spolier tranquillement ces détenteurs d'obligations qui, rappelons-le, ne votent pas en Grèce... À cela, on répond que la dette grecque ayant été libellée en euros devra être remboursée en euros, ce qui est bien sûr une tromperie juridique. La dette grecque a été émise dans la monnaie de l'Etat souverain grec, aujourd'hui l'euro, demain la drachme, et sera remboursé dans la monnaie ayant cours légal dans ce pays au moment du remboursement."
Remplaçons seulement drachme par francs... et nous avons le point de vue que je défends depuis longtemps: notre dette est en "monnaie nationale", pas en devises étrangère, de même que le passage de la dette du franc à l'euro n'a fait aucune histoire de la part des zinzins.
Notre dette de 1600 Md€ deviendrait simplement une dette de 1600 FF.
À cette analyse, j'ajouterais un élément, souvent évoqué par AJH : le problème de l'endettement public en Europe est essentiellement lié au système de crédit tel qu’il a été conçu dans les traités européens. Nous rappelons sur ce blog pour la énième fois que ni les banques centrales nationales, ni la BCE ne peuvent accorder de découvert aux États membres de l'Union, en vertu de l'article 123 de la version consolidé du traité sur le fonctionnement de l'UE. Les États sont donc contraints de s'endetter sur les marchés financiers (banques, assurances, etc) qui prêtent moyennant un taux d'intérêt. Ces intérêts doivent être remboursés par un nouvel emprunt, ce qui génère de nouveaux intérêts, etc. Pour prendre une image, rembourser la charge de la dette revient à boucher un trou en en creusant un autre encore plus large et plus profond. C’est cette mécanique infernale qui est à la base de notre endettement abyssal. Par ailleurs, c’est pour François Asselineau, une des dix raisons qui impose de sortir de l’UE :
Loin d'être une catastrophe, une rupture avec l'UE, l'euro et la loi 73-7 de janvier 1973 serait donc salvatrice. En récupérant notre banque centrale, nous pourrons rembourser notre dette publique par une monétisation directe au bénéfice du Trésor public, comme c'était le cas avant 1973. Bien entendu, les défenseurs du système en vigueur ne manqueront pas d'affirmer que la monétisation directe de la dette publique est inflationniste par nature. Encore une idée reçue...
Comparez plutôt les taux d'inflation sur les dix ans avant 1973 et sur les dix ans après :
Comparez plutôt les taux d'inflation sur les dix ans avant 1973 et sur les dix ans après :
Taux d'inflation de 1963 à 1972 :
1972 6.2 %
1972 6.2 %
1971 5.7 %
1970 5.2 %
1969 6.5 %
1968 4.5 %
1967 2.7 %
1966 2.7 %
1965 2.5 %
1964 3.4 %
1963 4.8 %
1962 4.8 %
Ce qui fait une moyenne de 4,9% par an entre 1963 et 1972.
Taux d'inflation entre 1973 et 1982 :
1982 11.8 %
1981 13.4 %
1980 13.6 %
1979 10.8 %
1978 9.1 %
1977 9.4 %
1976 9.6 %
1975 11.8 %
1974 13.7 %
1973 9.2 %
Ce qui fait une moyenne de 11,2% par an entre 1973 et 1982.
Là encore, merci à AJH pour avoir divulgué ces chiffres tirés du site France-inflation.com. Chiffres qui se passent de commentaires.
Conclusion :
L'argument simpliste selon lequel quitter l'euro reviendrait à gonfler la dette ne résiste donc pas à l'analyse. C'est même le contraire qui est vrai : sortir de l'euro est la condition sine qua non au désendettement des finances publiques.
Finalement, pour quelles raisons devrions nous croire les élites responsables de la situation actuelle ? Ceux-là même qui nous avaient promis des lendemains qui chantent à l'époque de Maastricht se mettent à faire des prédictions apocalyptiques pour nous dissuader de sortir du carcan monétaire européen. Fondamentalement, ce qu'ils ne veulent pas voir, c'est que la fin de l'euro est inévitable, n'étant pas une ZMO. Dans ces conditions, mieux vaut en finir le plus rapidement et sereinement possible que d'attendre le choc de l'explosion finale de la monnaie européenne.
Changer les règles de l'UE serait tout de même plus simple, moins risqué et beaucoup plus efficace.
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